Publié le 23 Mai 2025
Un même logement. Deux DPE. Deux étiquettes différentes. De l’extérieur, cela semble suspect. Et pourtant, la situation peut s’expliquer. Dans certains cas, aucun manquement, aucune fraude. Juste une méthode floue, une réglementation incomplète et des choix techniques légitimes, mais divergents.
En théorie, le DPE ne doit pas varier si le logement n’a pas changé et que tous les justificatifs sont fournis. En pratique, c’est plus complexe. La méthode actuelle laisse en effet une marge d’interprétation à chaque étape : surface retenue, choix de valeurs par défaut, lecture des systèmes de chauffage ou de ventilation…
Le bâtiment, lui, évolue au fil du temps. Il conserve quelquefois des éléments anciens, mal identifiés ou partiellement modifiés. Le diagnostiqueur doit trancher, parfois dans le doute.
Contrairement à d’autres professionnels réglementés, les opérateurs de diagnostic immobilier sont souvent seuls. Pas d’équivalent du CRIDON pour les aider en cas de doute. Peu de réponses claires, même auprès des organismes de formation ou de certification.
Chacun tente donc de faire au mieux. Et même lorsqu’il s’appuie sur les textes officiels ou sur le guide du Cerema, le résultat peut varier d’un technicien à l’autre.
Une nouvelle norme DPE est en préparation. Elle vise à clarifier certains gestes techniques et à mieux encadrer les pratiques. Mais elle ne couvrira ni la méthode de calcul 3CL, ni le fonctionnement des logiciels, ni les failles du cadre réglementaire.
C’est un pas, mais il reste beaucoup à faire. Les enjeux sont importants : le DPE influence les ventes, les locations, les aides à la rénovation et les décisions de travaux.
La variabilité des DPE ne doit pas toujours être interprétée comme un écart de compétence. Elle révèle surtout un manque d’uniformité dans les outils et les textes. Pour éviter la suspicion, il faut offrir aux diagnostiqueurs des règles claires, des appuis fiables et un langage commun.
C’est à ce prix que l’on pourra redonner à ce diagnostic sa pleine valeur, dans l’intérêt des professionnels… et des usagers.